Il y a trois mois, j’étais fier de moi. Après des semaines de travail, j’avais réussi à faire la paix avec mon regret de ne pas avoir été au chevet de mon père avant sa mort. Je me sentais libéré, serein, transformé. Puis dimanche dernier, en entendant « sa » chanson à la radio, tout m’est retombé dessus d’un coup. Les larmes, la culpabilité, les « si seulement » qui tournent en boucle. Pendant deux jours, j’ai eu l’impression d’être revenu à la case départ. « Tout ce travail pour rien », me suis-je dit. « Je n’y arriverai jamais. » Heureusement, j’ai appris qu’une rechute émotionnelle n’est pas un échec, mais une étape normale du processus de guérison. Et surtout, j’ai découvert comment en sortir plus vite et plus fort.
Vous aussi, vous avez vécu ces moments où vos anciens regrets ressurgissent brutalement ? Cette impression décourageante que tous vos progrès se sont évaporés d’un coup ?
Le piège de la rechute émotionnelle
Quand on travaille sur ses regrets, on a tendance à croire qu’une fois « guéri », c’est définitif. Cette croyance nous rend particulièrement vulnérables aux rechutes émotionnelles – ces moments où nos anciens schémas de pensée négative reviennent en force.
Face à une rechute, notre premier réflexe est souvent de paniquer et de nous juger sévèrement. « Je n’ai pas progressé », « Je suis faible », « Ça ne marchera jamais pour moi ». Cette auto-critique amplifie la rechute au lieu de l’apaiser.
Le problème ? On traite la rechute comme un échec au lieu de la voir comme une information précieuse sur notre processus de guérison. C’est comme condamner un convalescent qui a une petite poussée de fièvre au lieu de l’aider à mieux récupérer.
Cette approche nous fait perdre confiance et abandonne nos efforts de transformation, alors qu’un simple recadrage pourrait nous aider à rebondir rapidement.
La technique du « protocole de rechute »
Cette méthode structure votre réaction face aux moments où vos regrets reviennent, pour en sortir plus vite et en tirer des enseignements constructifs.
Étape 1 : Reconnaître sans juger
Dès que vous sentez la rechute arriver, constatez simplement : « Je traverse une rechute émotionnelle. C’est normal et temporaire. » Évitez tout jugement sur vous-même.
Étape 2 : Identifier le déclencheur
Qu’est-ce qui a provoqué cette résurgence ? Une date anniversaire, un lieu, une chanson, une situation similaire ? Noter ce déclencheur vous aidera à l’anticiper la prochaine fois.
Étape 3 : Limiter la durée de l’épisode
Fixez-vous une limite de temps : « Je m’accorde 2 heures pour ressentir cette émotion pleinement, puis je reprends mes outils de gestion. » Cette limite évite l’enlisement.
Étape 4 : Reprendre une technique qui marche
Retournez à l’outil qui vous avait le mieux aidé précédemment : auto-compassion, recadrage cognitif, action compensatoire. Votre « boîte à outils » reste valide.
Étape 5 : Tirer la leçon
Une fois l’épisode passé, demandez-vous : « Qu’est-ce que cette rechute m’apprend sur mon processus de guérison ? Comment puis-je me préparer différemment ? »
Mon expérience avec la chanson de papa
Quand la chanson de mon père a déclenché ma rechute, j’ai appliqué ce protocole :
Reconnaissance : « Je vis une rechute. C’est normal après un deuil, ça ne remet pas en question mes progrès. »
Déclencheur : Cette chanson précise combinée à un moment de fatigue émotionnelle.
Limitation : Je me suis accordé le dimanche pour ressentir cette tristesse sans résistance.
Technique : J’ai repris l’exercice d’auto-compassion qui m’avait tant aidé : me parler comme je parlerais à un ami endeuillé.
Leçon : Je dois anticiper certaines dates ou situations sensibles et prévoir des stratégies de soutien.
Résultat : Au lieu de deux semaines de souffrance comme avant, j’ai rebondi en 48 heures. Et j’ai découvert que cette rechute était en fait le signe que je guérissais – mon système émotionnel « testait » mes nouvelles défenses.
Un exemple puissant de rebond
Martine, 48 ans, travaillait depuis des mois sur son regret d’avoir quitté son emploi de rêve par peur de l’échec. Elle se sentait enfin apaisée quand elle a croisé son ancien patron dans la rue. Instantanément, toute sa culpabilité est revenue.
En appliquant le protocole : elle a reconnu la rechute sans se juger, identifié le déclencheur (voir cette personne), s’est accordé une soirée de tristesse, puis a repris sa technique de recadrage cognitif.
« Cette rechute m’a finalement aidée. J’ai réalisé que je n’avais pas encore totalement intégré les leçons de cette expérience. Maintenant je suis vraiment en paix avec ce choix passé. »
Pourquoi cette approche transforme les rechutes
Mon opinion après avoir testé cette méthode : elle fonctionne parce qu’elle normalise les rechutes au lieu de les dramatiser. Au lieu de subir passivement ces moments difficiles, on devient acteur de sa récupération.
C’est comme avoir un plan d’urgence en cas d’incendie. On espère ne pas en avoir besoin, mais quand ça arrive, on sait exactement quoi faire au lieu de paniquer.
5 situations où appliquer ce protocole
- Dates anniversaires difficiles : Décès, rupture, échec professionnel – ces dates peuvent réactiver d’anciens regrets même « résolus ».
- Rencontres inattendues : Croiser une personne liée à un regret peut déclencher une rechute émotionnelle soudaine.
- Période de stress intense : La fatigue affaiblit nos défenses psychologiques et peut faire ressurgir d’anciens schémas.
- Situations similaires : Vivre une expérience qui rappelle un regret passé peut réveiller les émotions associées.
- Changements de vie majeurs : Déménagement, nouveau travail, relation – ces transitions peuvent fragiliser temporairement nos acquis.
Des transformations remarquables
Philippe, entrepreneur, applique ce protocole quand il repense à sa première startup qui a échoué : « Avant, ces rechutes me paralysaient pendant des semaines. Maintenant, j’en sors en quelques jours et ça renforce ma confiance. »
Sandrine, mère de famille, l’utilise pour ses regrets éducatifs : « Quand je vois d’autres parents ‘parfaits’, ça peut réveiller ma culpabilité. Mais avec ce protocole, je transforme ces moments en opportunités de réaffirmer mes valeurs parentales. »
Cette approche m’a appris que les rechutes ne sont pas des échecs mais des occasions de renforcer ma résilience et d’approfondir ma guérison.






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